Avec les dispositifs numériques, la documentation de la réalité repose sur le caractère systématique des outils et leur capacité à tout englober, allonger jusqu’à l’infini des durées d’enregistrement, à tout médiatiser et remédiatiser (Bolter et Grusin, 1999) en direct, dans l’immédiateté de l’événement, dans une hyperconscience de ce qui se déroule «en temps réel». Tout ceci n’est pas sans conséquence sur notre rapport au temps, à l’histoire et à la manière de la raconter. Les régimes d’historicité et la notion de présentisme développée par Hartog (2003) ou encore le concept d’uchronie comme synthèse des temporalité proposé par Couchot (2014) nous semblent fondateurs de cette conception renouvelée des récits de l’événement au temps présent. Les travaux de Pierre Nora (Nora, 2011) sur les dynamiques entre événement et immédiateté de même que sur les mutations de la notion de patrimoine étaient déjà annonciateurs des transformations qu’a connu la notion d’archive.